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Pr ´eliminaire

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Pr ´eliminaire

Thierry Ramond Math´ematiques Universit´e Paris Sud

e-mail: [email protected]

version du 5 mars 2015

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Pr ´eliminaire

1 Exemples et Notions de base 6

1.1 Motivations . . . 6

1.2 La plus simple des ´equations diff´erentielles . . . 7

1.2.1 R´esoudre une ´equation diff´erentielle . . . 7

1.2.2 R´esolution des EDL scalaires d’ordre 1 homog`enes . . . 8

1.2.3 Solutions `a valeurs complexes . . . 9

1.2.4 R´esolution des EDL scalaires d’ordre 1 avec second membre . . . 10

1.2.5 Equations non r´esolues . . . 11

1.3 Une ´equation d’ordre 2 . . . 11

1.4 Une ´equation non-lin´eaire . . . 14

1.4.1 Des solutions de l’´equation y0 =−y2 . . . 14

1.4.2 Retour sur la notion de solution . . . 14

1.5 Solutions maximales . . . 15

1.6 Probl`eme de Cauchy . . . 16

1.6.1 Mettons un peu d’ordre . . . 16

1.6.2 Le th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz. Premi`ere visite . . . 18

1.6.3 Exemple : r´esolution de l’´equationy0 =−y2 . . . 19

1.6.4 Exemple : r´esolution dey0 =ky−y2 . . . 19

1.7 Equations diff´erentielles d’ordre sup´erieur . . . 21

1.7.1 Qu’est-ce qu’une ´equation diff´erentielle d’ordren? . . . 21

1.7.2 Se ramener `a un syst`eme den´equations diff´erentielles d’ordre 1 . . . 22

1.7.3 Au fait : c’est quoi un syst`eme diff´erentiel d’ordre 1 ? . . . 23

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d’ordre n. Premi`ere visite. . . 24

1.8 Syst`emes lin´eaires . . . 25

1.8.1 Qu’est-ce qu’un syst`eme lin´eaire ? . . . 25

1.8.2 Structure de l’ensemble des solutions . . . 26

1.8.3 Dimension de l’espace des solutions . . . 27

1.8.4 M´ethode de variation de la constante . . . 28

2 R´eduction des matrices 31 2.1 Matrice d’une application lin´eaire . . . 31

2.1.1 D´efinitions . . . 31

2.1.2 Changement de base . . . 32

2.1.3 Sous-espaces stables . . . 33

2.2 Valeurs propres et vecteurs propres . . . 34

2.2.1 D´efinitions . . . 34

2.2.2 Polynˆome caract´eristique . . . 37

2.2.3 Le th´eor`eme de Cayley-Hamilton . . . 38

2.3 Espaces propres g´en´eralis´es . . . 39

2.3.1 D´efinition et propri´et´es . . . 39

2.3.2 Condition n´ecessaire et suffisante de diagonalisablit´e . . . 42

2.4 Forme normale de Jordan . . . 43

2.4.1 Matrices nilpotentes . . . 43

2.4.2 Forme normale de Jordan . . . 44

2.4.3 M´ethode pratique pour le calcul . . . 46

3 Syst`emes lin´eaires 48 3.1 Exponentielle de matrice . . . 49

3.1.1 Norme d’une matrice . . . 49

3.1.2 D´efinition . . . 50

3.1.3 La fonctiont7→etA . . . 51

3.1.4 Quelques propri´et´es . . . 53

3.1.5 Calcul de etA . . . 55

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3.2 Solutions des syst`emes lin´eaires `a coefficients constants . . . 56

3.2.1 Calcul effectif de etAX0 . . . 57

3.2.2 Solutions r´eelles . . . 58

3.2.3 Variation de la constante . . . 59

3.3 Syst`emes lin´eaires `a coefficients variables . . . 60

3.3.1 R´esolvante . . . 60

3.3.2 Syst`eme fondamental de solutions - Wronskien . . . 62

3.3.3 M´ethode de variation de la constante . . . 64

4 Existence et unicit´e 65 4.1 Le cas lin´eaire . . . 65

4.1.1 Formulation int´egrale . . . 65

4.1.2 Sch´ema de Picard . . . 66

4.1.3 Unicit´e . . . 67

4.2 Le cas autonome . . . 68

4.2.1 Fonctions Lipschitziennes . . . 69

4.2.2 Fonctions localement Lipschitziennes . . . 69

4.2.3 Existence dans le cas autonome . . . 70

4.3 Le cas g´en´eral . . . 71

4.3.1 Le th´eor`eme du point fixe . . . 72

4.3.2 Tonneau de s´ecurit´e . . . 73

4.3.3 Existence et unicit´e locale . . . 74

4.3.4 Solution maximale . . . 76

4.4 Existence globale . . . 76

4.4.1 Un crit`ere d’existence globale . . . 76

4.4.2 Qu’est-ce qui empˆeche une solution d’ˆetre globale ? . . . 78

4.4.3 Le lemme de Gronwall . . . 80

5 Stabilit´e et lin´earisation 82 5.1 Portraits de phase des syst`emes lin´eaires homog`enes 2×2 `a coefficients constants 83 5.2 Notions de stabilit´e . . . 86

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5.2.2 Cas des syst`emes lin´eaires `a coefficients constants . . . 87

5.3 Fonction de Lyapounov . . . 88

5.4 Lin´earisation et stabilit´e . . . 91

5.4.1 Syst`eme lin´earis´e . . . 91

5.4.2 Le crit`ere de Routh . . . 92

5.4.3 Le Th´eor`eme d’Hartman-Grobman . . . 93

6 Syst`emes pr´edateurs-proies 95 6.1 Existence et unicit´e. Temps d’existence . . . 95

6.2 Points d’´equilibre . . . 96

6.3 Comportement global . . . 97

6.4 Une fonction de Lyapounov . . . 98

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Ce cours s’adresse `a des ´etudiants de L3 en math´ematiques, dans le cadre de l’UE Math318 du D´epartement de Math´ematiques d’Orsay. Peut-ˆetre pourra-t-il ´egalement int´eresser un public plus large d’´etudiants en sciences (physique, biologie. . .).

Le mat´eriel pr´esent´e ici est inspir´e de plusieurs sources, dont en particulier le livre de Jean- Pierre Demailly ”Analyse Num´erique des ´equations diff´erentielles”, dont je ne peux que re- commander tr`es fortement la lecture. Il est ´egalement tr`es proche de ce que l’on peut trouver dans les notes de cours pr´epar´ees par Fran¸coise Issard-Roch.

Ces notes sont encore sous forme pr´eliminaire. Tous les commentaires et les suggestions sont les bienvenus. Elles contiennent encore trop peu d’exemples, et le lecteur devra se reporter aux exercices propos´es en Travaux Dirig´ees pour des illustrations des r´esultats pr´esent´es ici.

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Exemples et Notions de base

1.1 Motivations

La mod´elisation math´ematique des ph´enom`enes du monde r´eel passe tr`es souvent par l’´ecriture d’une ´equation diff´erentielle, qui d´ecrit les variations de la quantit´e que l’on veut ´etudier en fonction d’un param`etre. C’est probablement Isaac Newton qui a le premier ´ecrit et ´etudi´e des ´equations diff´erentielles. Son principe fondamental de la dynamique s’´ecrit par exemple

mx00(t) =F(x(t)),

o`u t 7→ x(t) d´ecrit la trajectoire du centre de gravit´e d’un objet de masse m, soumis au champ de force x7→F(x). Il est d’ailleurs clair que pour connaˆıtre la positionx(t) de l’objet

`

a l’instant t, il faut connaˆıtre non seulement la r`egle qui gouverne les variations de cette fonction, mais aussi la position et la vitesse initiale du centre de masse. Dans le cas d’un objet se d´epla¸cant verticalement sous l’action de l’attraction terrestre, suppos´ee constante dans la r´egion o`u le mouvement `a lieu, et compte tenu de la r´esistance de l’air, l’´equation diff´erentielle ci-dessus s’´ecrit

mx00(t) =−kx0(t) +mg,

o`uk, g sont des constantes. Un autre exemple c´el`ebre est celui du pendule : une massem est suspendue `a l’extremit´e d’une corde de longueur`dont l’autre extr´emit´e est fixe. L’angleθ(t) que fait, `a l’instant t, le fil avec la verticale v´erifie la relation

θ00(t) +g

l sin(θ(t)) = 0.

Cette ´equation n’a pas de solution que l’on puisse exprimer simplement avec des fonctions connues. Il faut avoir `a l’esprit que c’est le cas de la plupart des ´equations diff´erentielles, mˆeme si les exercices propos´es aux ´etudiants consistent souvent `a trouver une solution explicite - c’est plus facile. L’´etude d’une ´equation diff´erentielle consiste la plupart du temps `a d´ecrire certaines propri´et´es des solutions sans les calculer, et c’est cela que ce cours a pour ambition de vous enseigner.

On trouve des ´equation diff´erentielles dans tous les domaines de la physique. Par exemple la charge ´electriqueq(t) d’un condensateur dans un circuit RLC (r´esistance-bobine-condensateur),

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aliment´ee par une source de courant alternatif, doit v´erifier l’´equation Lq00(t) +Rq0(t) + 1

Cq(t) =Ucos(ωt).

La biologie est aussi une source importante d’´equations diff´erentielles. Si l’on est amen´e `a mod´eliser l’´evolution d’une population de bact´eries, on arrive naturellement `a l’id´ee que le taux de croissance de leur nombre est proportionnel `a ce nombre. Celui-ci est alors d´ecrit par l’´equation diff´erentielle

N0(t) =kN(t),

o`ukest une constante, que l’on pourra ajuster de sorte que la solution de l’´equation co¨ıncide au mieux avec les donn´ees exp´erimentales. La mod´elisation des syst`emes pr´edateurs-proies, due `a Lotka et Volterra, est particuli`erement ´eclairante. On ´etudiera des syst`emes diff´erentiels de la forme

y01(t) =ay1(t)−by1(t)y2(t), y02(t) =−cy2(t) +dy1(t)y2(t),

Icia, b, cetdsont des constantes positives, et Volterra a postul´e que les solutions (y1(t), y2(t)) d´ecrivent l’´evolution au cours du temps de la population de proies (des sardines, des lapins. . .) (y1(t)) et de leurs pr´edateurs (y2(t)) (des requins, des loups. . .). Ce type de syst`eme est

´egalement tr`es utilis´e en ´economie,

Signalons enfin que les math´ematiques elles-mˆemes peuvent ˆetre source d’´equations diff´eren- tielles. Si l’on cherche les fonctions d´erivables y telles quey(a+b) =y(a)y(b) pour tous r´eels a, b, on arrive tr`es vite `a l’´equation y0 =ky o`uk=y0(0). Il est d’ailleurs important de noter que r´esoudre l’´equation

y0 =f(t, y),

c’est trouver les courbes (t, y(t)) dont le vecteur tangent au point d’abscissetest (1, f(t, y(t))).

1.2 La plus simple des ´ equations diff´ erentielles

On s’int´eresse tout d’abord `a l’´equation diff´erentielle tr`es simple

(1.1) y0=a(t)y

qui mod´elise les ph´enom`enes dont la vitesse de croissance est proportionnelle `a la taille, avec un taux (le coefficient de proportionnalit´e) a(t) ´eventuellement variable dans le temps. On peux penser par exemple `a l’´evolution

— d’une population de bact´eries,

— d’une quantit´e de mati`ere radioactive,

— d’une somme d’argent plac´ee `a taux variable a(t).

1.2.1 R´esoudre une ´equation diff´erentielle

On veut r´esoudre cette ´equation, c’est-`a dire trouver (soyons ambitieux) toutes les solutions de l’´equation. Qu’est-ce que cela signifie ? On entend par l`a trouver toutes les fonctionst7→y(t) telles que pour toutt,

y0(t) =a(t)y(t).

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Pr ´eliminaire

-2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2

-2 -1,6 -1,2 -0,8 -0,4 0,4 0,8 1,2 1,6

Figure1.1 – Le champ de vecteurs f(t, y) = (1, t2+y3)

Tout d’abord, pour que cette ´equation ait un sens, il est indispensable que y soit d´erivable.

Elle sera donc automatiquement continue. On va se placer dans le cas o`u la fonction a est continue. Si yest est une solution de l’´equation,y0 sera donc continue. On peut alors pr´eciser la question :

Soit a une fonction continue. R´esoudre l’´equation y0 = a(t)y, c’est trouver toutes les fonctions de classeC1 telles quey0(t) =a(t)y(t) pour tout t.

Reste un point : pour quelst? Si aest d´efinie et continue sur l’intervalle ouvert I, il semble raisonnable de chercher toutes les fonctions y ∈ C1(I) telle que, pour tout t ∈ I, y0(t) = a(t)y(t). Pour cette ´equation, on va voir dans un instant que c’est effectivement possible.

Pour d’autres ´equations, on va rapidement voir qu’il faut ˆetre moins gourmand. Au passage, l’ensemble C1(I) ´etant beaucoup plus simple `a d´efinir et `a manipuler lorsque I est ouvert (plutˆot que ferm´e), on se placera dans ce cadre.

1.2.2 R´esolution des EDL scalaires d’ordre 1 homog`enes

Allons-y ! Dans le cas o`u a(t) est une fonction constante sur l’intervalle I, on doit trouver toutes les fonctionsy∈ C1(I) telles que

(1.2) ∀t∈I, y0(t)−ay(t) = 0.

Il se trouve que lorsquey∈ C1(I),

(e−aty(t))0=e−at(−ay(t) +y0(t)).

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Donc (1.2) ´equivaut `a

∀t∈I, (e−aty(t))0= 0.

Nous voil`a arriv´e `a une ´equation diff´erentielle que l’on sait r´esoudre ! (1.2)⇐⇒ ∃C∈R, e−aty(t) =C ⇐⇒ ∃C ∈R, y(t) =Ceat Autrement dit, on a prouv´e que

Soita∈R. L’ensembleS des solutions de l’´equation y0=aysur l’intervalle ouvert I est S={t7→Ceat, C ∈R}.

Passons au cas g´en´eral o`u a(t) n’est pas forc´ement constante sur l’intervalle ouvert I. On essaye de proc´eder de la mˆeme mani`ere, c’est-`a dire trouver une fonction A(t) telle que

∀t∈I, y0(t)−ay(t) = 0⇐⇒ ∀t∈I, (e−A(t)y(t))0 = 0.

Puisque (e−A(t)y(t))0 = e−A(t)(−A0(t)y(t) + y0(t)), on voit qu’il suffit de prendre pour A n’importe quelle primitive de la fonctiona. Cela tombe bien : puisque a est continue sur I, la fonctionaadmet des primitives sur cet intervalle. On a donc obtenu

Soita:I →Rune fonction continue sur l’intervalle ouvertI. L’ensembleS des solutions de l’´equation y0 =a(t)y sur I est

S ={t7→CeA(t), C ∈R}, o`uA:I →Rest une primitive de asurI.

1.2.3 Solutions `a valeurs complexes

Jusqu’ici, on n’a consid´er´e que des fonctions `a valeurs r´eelles. Que ce soit le coefficient a(t) o`u les solutionsy(t) de l’´equation (1.1). Il peut arriver que l’on cherche les solutions `a valeurs dansC, en particulier (mais pas exclusivement) quanda(t) est lui-mˆeme `a valeurs complexes.

En relisant ce qui pr´ec`ede dans ce cadre, on arrive tr`es facilement `a

Soita:I →Cune fonction continue sur l’intervalle ouvertI. L’ensembleS des solutions

`

a valeurs complexes de l’´equation y0 =a(t)y surI est S ={t7→CeA(t), C ∈C}, o`uA:I →Rest une primitive de asurI.

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complexes. On aurait tort. Si a : I → C , la fonction a s’´ecrit a(t) = a1(t) +ia2(t) o`u a1,2 :I → R sont deux fonctions `a valeur r´eelles, respectivement la partie r´eelle et la partie imaginaire de la fonctiona. Elles sont d´efinies par

a1(t) = a(t) +a(t)

2 eta2(t) = a(t)−a(t)

2i ·

Ce sont donc des fonctions continues sur I, et les primitives de a sur I sont les fonctions A1+iA2 o`uA1 etA2 sont des primitives respectives dea1 eta2.

Exercice 1.2.1 Donner les primitives det7→e3it.

Exercice 1.2.2 Montrer que si a est `a valeurs r´eelles, et y une solution de (1.1) `a valeurs complexes, alorsy1= Rey ety2 = Imy sont aussi des solutions. En d´eduire que

Lorsqueaest `a valeurs r´eelles, il suffit de connaˆıtre les solutions de (1.1) `a valeurs r´eelles pour connaˆıtre toutes les solutions de (1.1) `a valeurs complexes.

1.2.4 R´esolution des EDL scalaires d’ordre 1 avec second membre

On complique un peu les choses. On s’int´eresse maintenant aux ´equations diff´erentielles de la forme

(1.3) y0=a(t)y+b(t),

o`uaetb sont deux fonctions continues sur l’intervalle ouvertI =]α, β[.

Proposition 1.2.3 L’ensemble des solutions `a valeurs complexes de l’´equation (1.3) surI est S={t7→eA(t)(C+

Z t α

e−A(s)b(s)ds), C∈C}, o`u A est une primitive deasur I.

Preuve: Soit A une primitive deasur I. Supposons quey :I →C soit une solution de (1.3).

On pose, pour t∈I,w(t) =e−A(t)y(t). On a

w0(t) =−a(t)e−A(t)y(t) +e−A(t)y0(t)

=−a(t)e−A(t)y(t) +e−A(t)(a(t)y(t) +b(t))

=e−A(t)b(t).

Donc il existe une constante C∈Ctelle que w(t) =

Z t

e−A(s)b(s)ds+C,

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et

y(t) =eA(t)w(t) =eA(t)(C+ Z t

α

e−A(s)b(s)ds).

R´eciproquement, on v´erifie facilement que toutes les fonctionsy:t7→eA(t)(C+

Z t t0

e−A(s)b(s)ds) sont des solutions de (1.3) surI.

On notera que le choix d’int´egrer `a partir deα est arbitraire, et n’importe quel autre ´el´ement de [α, β] ferait l’affaire (cela revient `a changer la valeur de la constante C).

Remarque 1.2.4 Plus que la formule ci-dessus, il faut retenir la m´ethode qui y conduit, en particulier l’id´ee de changer de fonction inconnue pour se ramener `a une ´equation que l’on sait r´esoudre.

1.2.5 Equations non r´esolues

On d´esigne ces ´equations sous le nom d’´equations diff´erentielles d’ordre 1, lin´eaires, inho- mog`enes :

— d’ordre 1 parce que c’est le degr´e de d´erivation le plus ´elev´e qui apparait dans l’´equation,

— lin´eaire parce que la partie homog`ene (celle o`u apparaissent y et ses d´eriv´ees) est lin´eaire par rapport `ay, on y reviendra,

— inhomog`ene en raison de la pr´esence deb6= 0 : la fonction nulle n’est pas solution de l’´equation.

On dit parfois que les ´equations diff´erentielles de la forme (1.3) sont des ´equations diff´erentielles r´esolues, parce que la d´eriv´ee de plus haut degr´e s’´ecrit comme fonction des d´eriv´ees d’ordre inf´erieur, et l’on s’autorise `a consid´erer comme ´equations diff´erentielles, d’ordre 1 par exemple, des ´equations de la forme

(1.4) u(t)y0+v(t)y=g(t),

o`uu, vetgsont des fonctions continues. Bien entendu, sur chaque intervalle o`u la fonctionu ne s’annule pas, (1.4) est ´equivalente `a l’´equation diff´erentielle

y0=a(t)y+b(t),

avec a(t) = −v(t)/u(t) et g(t) = f(t)/u(t), que l’on sait maintenant r´esoudre. Par exemple l’´equation (t+ 2)y0= 2−y n’est pas une ´equation diff´erentielle r´esolue surR. Mais l’on peut tout de mˆeme se demander quelles sont les fonctions de classe C1 sur R qui v´erifient cette

´equation.

1.3 Une ´ equation d’ordre 2

On ´etudie maintenant les ´equations du type de celle obtenue pour d´ecrire l’´evolution de la charge dans un circuit RLC, c’est-`a dire de la forme

(1.5) y00+p(t)y0+q(t)y=f(t)

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Dans le cas o`u p et q sont des fonctions constantes, on peut comme pour l’´equation (1.3) d´ecrire tr`es explicitement l’ensemble des solutions. On se concentre sur le cas o`u f = 0, autrement dit on consid`ere l’´equation

(1.6) y00+py0+qy= 0,

et on traite le cas (le plus important) o`u p, q∈R. On reviendra plus tard, mieux arm´es, sur le cas o`u f 6= 0.

On peut deviner le r´esultat qui suit en essayant de trouver une solution de la formey:t7→ert. En calculant les d´eriv´ees de cette fonction, on voit que l’on doit n´ecessairement avoir

r2+pr+q= 0.

Cette relation est souvent appel´ee´equation caract´eristique de (1.6).

Proposition 1.3.1 Soitp, q∈R, etP(r) =r2+pr+q. On note∆ =p2−4qle discriminant du polynˆome du second degr´e P. Soit S l’ensemble des solutions sur R `a valeurs r´eelles de l’´equation (1.6).

i) Si ∆>0, notant r1, r2∈Rles racines deP(r),

S ={t7→yc1,c2(t), yc1,c2(t) =c1er1t+c2er2t, c1, c2 ∈R}, ii) Si ∆ = 0, notant r0 ∈Rla racine de P(r),

S ={t7→yc1,c2(t), yc1,c2(t) =er0t(c1t+c2), c1, c2 ∈R}, iii) Si ∆<0, notant δ∈R+ un r´eel tel queδ2 =−∆,

S ={t7→yc1,c2(t), yc1,c2(t) =e−pt/2 c1cos(δt/2) +c2sin(δt/2)

, c1, c2∈R},

Preuve: — On commence par le cas o`u ∆ = 0. Soit y(t) une solution de (1.6). On pose z(t) =e−r0ty(t) =ept/2y(t). On a

z0(t) = p

2ept/2y(t) +ept/2y0(t) z00(t) = p2

4ept/2y(t) +pept/2y0(t) +ept/2y00(t) =ept/2(qy+py0+y00) = 0.

Doncz(t) =c1t+c2pour certains r´eelsc1, c2, ety(t) est de la forme annonc´ee. R´eciproquement, toutes les fonctions de cette forme sont des solutions de (1.6), ce qui prouve la proposition dans ce cas.

— On consid`ere maintenant le cas o`u ∆ > 0. Soit y(t) une solution de (1.6). Notant r1 =

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−p−

2 la plus petite racine de P, on pose z(t) =e−r1ty(t). On a z0(t) =r1e−r1y(t) +e−r1ty0(t)

z00(t) = (r1)2e−r1y(t)−2r1e−r1ty0(t) +e−r1ty00(t)

= [(r1)2−q]e−r1y(t)−[2r1+p]e−r1ty0(t), o`u on a utilis´e le fait quey00=−py0−qy. On a 2r1+p=−√

∆ et (r1)2−q=r21+ (r21+pr1) =r1(2r1+p) =−r1

∆.

Donc

z00(t) =√

∆[−r1e−r1y(t) +e−r1ty0(t)] =√

∆z0(t).

Posant v =z0, on a v0 =√

∆v, doncv(t) =Ae

∆t, et on en d´eduit que z(t) =c2e

∆t+c1, pour certains r´eelsc1, c2. Du coup

y(t) =c2e

∆ter1t+c1er1t=c1er1t+c2er2t,

comme annonc´e. R´eciproquement, toutes les fonctions de cette forme v´erifient (1.6), et on a termin´e la preuve de la proposition dans le cas ∆>0.

— Dans le cas ∆<0 on commence par chercher les solutions `a valeurs dansC. Soitδ >0 tel queδ2 =−∆. On noter1 = −p−iδ2 etr2 = −p+iδ2 les racines complexes deP. Comme dans le cas o`u ∆>0, on pose z(t) =e−r1ty(t), et on obtient

z00(t) =iδz0(t).

On en d´eduit de la mˆeme mani`ere que z(t) =z2eiδt+z1 pour certaines constantesz1, z2∈C, et

y(t) = (z2eiδt+z1)er1t=z2er2t+z1er1t.

On peut v´erifier facilement que toutes les fonctions de cette forme v´erifient l’´equation (1.6).

Autrement dit, on a ´etabli que l’ensemble des solutions de (1.6) `a valeurs dansCest SC={(R, yz1,z2), yz1,z2(t) =z1er1t+z2er2t, z1, z2 ∈C}.

On cherche maintenant les fonctionsyz1,z2 ∈ SCqui sont `a valeurs r´eelles. Notantz1 =a1+ib1

etz2 =a2+ib2, on a

yz1,z2(t) =e−pt/2[(a1+ib1)(cos(δt/2)−isin(δt/2)) + (a2+ib2)(cos(δt/2) +isin(δt/2))], et donc

Imyz1,z2(t) =e−pt/2[(a2−a1) sin(δt/2) + (b1+b2) cos(δt/2))].

Pour que ce nombre soit nul pour toutt∈R, il faut et il suffit quea2 =a1 et queb2 =−b1, autrement dit quez2=z1 et dans ce cas,

yz1,z2(t) =e−pt/2(2a1cos(δt/2) + 2b1sin(δt/2)), ce qui est bien la forme annonc´ee (prendre c1= 2a1 etc2 = 2a2).

(15)

Version

Pr ´eliminaire

On reprend le mod`ele d’´evolution du nombre de bact´eries. L’´equationN0(t) =kN(t) conduit

`

aN(t) =Cekt, donc `a une population dont le nombre croit ind´efiniment. Ce n’est ´evidemment pas tr`es satisfaisant : les bact´eries ont besoin de se nourrir, et la nourriture disponible est toujours en quantit´e limit´ee. Autrement dit, le nombre de bact´eries doit se stabiliser (au moins) quand il devient grand. On est conduit `a imaginer que ce nombre v´erifie en fait l’´equation diff´erentielle

(1.7) y0=ky−y2.

Le terme eny2est n´egligeable devantkypourypetit -doncydevrait croˆıtre exponentiellement tant qu’elle reste assez petite, mais devient pr´epond´erant pour y grand - dans ce cas, la population devrait avoir tendance `a diminuer.

1.4.1 Des solutions de l’´equation y0 =−y2

On reviendra sur la r´esolution de l’´equation (1.7) en g´en´eral, mais on se concentre pour l’instant sur le cas k= 0. Autrement dit, on veut r´esoudre l’´equation

(1.8) y0 =−y2

N’ayant pas grand chose dans notre boite `a outil, on cherche parmi les fonctions que l’on connait celles qui v´erifient cette relation. On se souvient que, si a ∈ R, et pour t 6= a, (t−a1 )0 =−(t−a)1 2. Autrement dit, notant

y+a : ]a,+∞[ → R

t 7→ t−a1 et

ya : ]− ∞, a[ → R t 7→ t−a1

on voit que pour touta∈R,ya+est une solution de (1.8) sur ]a,+∞[, et queyaest une solution de (1.8) sur ]− ∞, a[. Chose un peu ´etrange, ces fonctions ne peuvent pas ˆetre prolong´ees en des fonctions C1 sur R, donc en des solutions de (1.8) sur R, alors que l’´equation a un sens pour touttdansR(les coefficients ne d´ependent mˆeme pas det). Pour ajouter `a la confusion, on pourra remarquer aussi que la fonction nulle est elle solution de (1.8) surR.

Pour clarifier les choses, on est donc contraint de pr´eciser ce qu’on entend par ´equation diff´erentielle, et de modifier une peu le sens que l’on a donn´e `a la notion de solution.

1.4.2 Retour sur la notion de solution

D´efinition 1.4.1 Une ´equation diff´erentielle scalaire d’ordre 1 s’´ecrit

(1.9) y0 =f(t, y),

(16)

Version

Pr ´eliminaire

o`uf est une fonction continue surI×U `a valeurs dansR,I etU ´etant des intervalles ouverts deR.

On dit que le couple (J, y), constitu´e d’un intervalle J ⊂I et d’une fonction y :J →R de classeC1, est une solution de l’´equation lorsque

i) pour toutt∈J, on ay(t)∈U.

ii) pour toutt∈J, on ay0(t) =f(t, y(t)).

On est bien sˆur oblig´e de v´erifier la condition (i) pour que la condition (ii) ait un sens.

Exemple 1.4.2 i) L’´equation (1.3) : y0 = a(t)y +b(t) s’´ecrit sous la forme (1.9) avec f(t, x) =a(t)x+b(t) d´efinie et continue sur I×Rquanda etb sont continues surI. Les solutions que nous avons mises en ´evidence s’´ecrivent alors(I, yc), avecyc(t) =. . .. ii) L’´equation (1.4) : u(t)y0+v(t)y =f(t) est une ´equation non-r´esolue, qui ne s’´ecrit pas

automatiquement sous la forme (1.9). On peut s’y ramener sur chaque intervalle o`u u ne s’annule pas.

iii) L’´equation (1.5) : y00+p(t)y0+q(t)y = f(t) est une ´equation du second ordre, donc ne s’´ecrit pas sous la forme (1.9).

iv) L’´equation (1.7) : y0 =ky−y2 s’´ecrit sous la forme (1.9) avecf(t, x) =kx−x2, qui est une fonction continue (et mˆemeC) sur R×R, et qui ne d´epend pas det.

Dans le cas particulierk= 0, on a trouv´e trois types de solutions :(R,0),(]− ∞, a[, ya) et(]a,+∞[, ya+).

Pour distinguer les diff´erents cas que l’on vient de rencontrer, on utilise la

D´efinition 1.4.3 On dit que(J, y) est une solution globale de l’´equation diff´erentielle (1.9) lorsqueJ =I.

1.5 Solutions maximales

Supposons que l’on ait d´etermin´e une solution (J, y) de l’´equation diff´erentielle (1.9) par un proc´ed´e quelconque, et que ce ne soit pas une solution globale (J 6=I). Il peut ˆetre possible de trouver un intervalleJ0 plus grand queJ sur lequel la fonctiony, ou plus exactement son prolongement, est encore solution de (1.9). . .

Consid`erons par exemple l’´equation diff´erentielle scalaire d’ordre 1

(1.10) y0 =f(t, y) =√

y avecf :R×[0,+∞[→R.

(17)

Version

Pr ´eliminaire

— Pour c∈R, je note yc la fonction d´efinie par yc(t) = (t−c)2/4 pour t≥c. On v´erifie facilement que (]c,+∞[, yc) est une solution de (1.10). On voit aussi que la fonctionyc d´efinie paryc(t) = (t−c)2/4 pourt < cn’est pas solution de l’´equation sur ]− ∞, c[.

Par contre, consid´erons la fonctionyec d´efinie surR par yec(t) =

(t−c)2/4 pour t≥c, 0 pour t < c.

Cette fonction estC1 surR(il faut v´erifier que yecest continue en 0, d´erivable en 0 et que sa d´eriv´ee est continue en 0). De plus (R,yec) est une solution de (1.10). Puisqueyec

co¨ıncide avecycl`a o`u cette derni`ere est d´efinie, on dit que la solution (R,yec) prolonge (]c,+∞[, yc). De mani`ere g´en´erale :

D´efinition 1.5.1 Soient(J1, y1)et (J2, y2)deux solutions de l’´equation diff´erentielle (1.9).

On dit que(J2, y2) prolonge (o`u est un prolongement de) (J1, y1) lorsqueJ2 contient J1, et y2 co¨ıncide avec y1 sur J1 :

∀t∈I1, y2(t) =y1(t).

On dit que(I, y) est une solution maximale de (1.9) lorsqu’elle n’admet pas d’autre prolon- gement qu’elle-mˆeme.

Bien entendu, toute solution globale est maximale : que peut-on vouloir de plus qu’une solution d´efinie sur tout l’intervalle o`u l’´equation `a un sens ? La r´eciproque est fausse : il y a des solutions maximales qui ne sont pas globales.

Dans le cas de l’´equation y0 =−y2, on a vu que la solution (]a,+∞[, t 7→ t−a1 ) ne peut pas ˆetre prolong´ee : s’il existait un prolongement strict ( ˜J ,y), on aurait n´˜ ecessairementa∈J˜, et

˜

y continue (C1 mˆeme) en a. Or

t→alim+y(t) = lim˜

t→a+y(t) =−∞,

ce qui est absurde. Donc il s’agit d’une solution maximale, bien qu’elle ne soit pas globale.

Lorsqu’une solution n’est pas maximale, elle peut avoir plusieurs prolongements maximaux distincts. Reprenons l’´equation diff´erentielle (1.10) :y0 =√

y surR×[0,+∞[. (R,0) est une solution globale (donc maximale), de mˆeme que (R,yec). En particulier, la solution (]−∞,0[,0) admet comme prolongements maximaux (R,0) et (R, yc) pour tout c≥0.

1.6 Probl` eme de Cauchy

1.6.1 Mettons un peu d’ordre

On vient de le voir, une ´equation diff´erentielle a en g´en´eral beaucoup de solutions, mˆeme si l’on ne s’int´eresse qu’aux solutions maximales. D’un autre cˆot´e, on peut raisonnablement penser

(18)

Version

Pr ´eliminaire

-2,5 0 2,5 5 7,5 10

2,5 5 7,5

y=(x-c)2/4

Figure 1.2 – Plusieurs prolongements maximaux de la solution (]− ∞,0[,0)

que lorsqu’une ´equation diff´erentielle d´ecrit l’´evolution au cours du temps d’une quantit´e phy- sique, celle-ci est enti`erement d´etermin´ee par les conditions initiales. Par exemple, l’´equation diff´erentielle qui d´ecrit l’´evolution du nombre de bact´eries dans une boˆıte de culture doit avoir une seule solution, d`es lors qu’on connaˆıt la population initiale de bact´eries dans la boˆıte. Ceci conduit `a la notion de probl`eme de Cauchy pour l’´equation diff´erentielle (1.9), pour lequel on esp`ere avoir une solution unique.

D´efinition 1.6.1 Soitf une fonction continue deI×UdansR, o`uIetU sont des intervalles ouverts deR. Soit t0∈I ety0 ∈Rn. R´esoudre le probl`eme de Cauchy (ent0)

(1.11)

y0=f(t, y), y(t0) =y0,

c’est trouver toutes les solutions maximales(J, y)de l’´equation diff´erentielley0 =f(t, y)telles quet0 ∈J et y(t0) =y0.

Exemple 1.6.2 Dans le cas d’une ´equation lin´eaire scalaire du premier ordre, le probl`eme de Cauchy s’´ecrit donc, poura, b∈ C0(I),

y0=a(t)y+b(t), y(t0) =y0,

On connait toutes les solutions maximales de l’´equation. Ce probl`eme est donc ´equivalent `a la question de trouver parmi les fonctions

yc:t7→eA(t)(c+ Z t

α

e−A(s)b(s)ds).

(19)

Version

Pr ´eliminaire

0 0 c0

eA(t0)(c0+ Z t0

α

e−A(s)b(s)ds) =y0, c’est-`a-dire

c0 =y0e−A(t0)− Z t0

α

e−A(s)b(s)ds.

En pratique, on a int´erˆet `a remplacer α par t0 dans l’expression g´en´erale de la solution, et on a, plus simplement

c0 =y0e−A(t0). Mieux, si on choisitA(t) =Rt

t0a(s)ds comme primitive dea, on a simplement c0 =y0.

L’exemple suivant montre que n´eanmoins, la situation n’est pas tout `a fait aussi simple qu’on pourrait le souhaiter : il arrive qu’un probl`eme de Cauchy ait plusieurs solutions.

Exemple 1.6.3 La fonction nulle est une solution sur R de l’´equation diff´erentielle y0 = 3|y|2/3. La fonctionx7→x3 est ´egalement une solution sur R, et le probl`eme de Cauchy (1.12)

( y0 = 3|y|2/3, y(0) = 0, admet donc au moins deux solutions.

1.6.2 Le th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz. Premi`ere visite

On verra plus tard cependant que sous des hypoth`eses relativement faibles sur la fonction f, il existe un intervalle ouvert J inclus dans I et contenant t0, tel que le probl`eme (1.11) admette une et une seule solution dans J. Ce c´el`ebre r´esultat porte le nom de Th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz. C’est une des pierres angulaires de la th´eorie des ´equations diff´erentielles, et nous passerons du temps `a le d´emontrer dans toute sa g´en´eralit´e, et `a d´ecortiquer ses corollaires.

Pour pouvoir travailler confortablement, on admet provisoirement la

Proposition 1.6.4 (Th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz - premi`ere version) Soit f :I×U → R une fonction continue, o`u I et U sont des intervalles ouverts deR. Soit aussi t0∈I ety0 ∈U. Sif est de classeC1 sur I×U, alors le probl`eme de Cauchy (1.11) admet une unique solution maximale (J, y).

Il faut noter que cet ´enonc´e n’est certainement pas le meilleur possible. Il donne une condition suffisante d’existence et d’unicit´e, mais on verra que l’on peut l’affaiblir. D’ailleurs dans le cas des ´equations lin´eaires, on a vu que le probl`eme de Cauchy admet une solution unique, mˆeme si la fonction f(t, x) =a(t)x+b(t) est suppos´ee seulement continue par rapport `at.

(20)

Version

Pr ´eliminaire

Exercice 1.6.5 Pourquoi le Th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz ne s’applique-t-il pas dans le cas de l’´equation (1.10) ? et dans le cas de l’´equation (1.12) ?

1.6.3 Exemple : r´esolution de l’´equation y0 =−y2

Pour illustrer l’une des fa¸cons d’utiliser ce th´eor`eme, on revient sur l’´equation (1.8) :y0 =−y2, que l’on va r´esoudre.

On commence par une remarque simple mais extrˆemement importante. La fonction f(t, x) =

−x2 est C1 sur R×R. Autrement dit le th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz s’applique pour le probl`eme de Cauchy

y0 =y2, y(t0) =y0,

et ce pour tout (t0, y0)∈R2. En particulier, pour tout t0, il existe unique solution maximale pour le probl`emey0 =y2, y(t0) = 0. On la connait : c’est (R,0).

Supposons alors que (J, y) soit une solution de l’´equation (1.8). On a l’alternative suivante :

— ou bien y est la fonction nulle (et J =R),

— ou bien y ne s’annule pas sur J.

En effet si y s’annule sur J, par exemple en t0, alors y est la fonction nulle en raison de ce qui pr´ec`ede.

Soit donc (J, y) une solution maximale qui n’est pas la solution nulle. Pour tout t∈J, on a y0(t) =−y2(t)⇐⇒ −y0(t)

y2(t) = 1⇐⇒ ∃C ∈R, 1

y(t) =t+C ⇐⇒ ∃C ∈R, y(t) = 1 t+C On a utilis´e le fait que y ne s’annule pas sur J pour diviser l’´equation par y(t)2, puis on a int´egr´e l’´equation obtenue.

Donc, n´ecessairement, pour toutt∈J,y(t) = 1/(t+C) o`uC est un r´eel. CommeyestC1 sur J, J est un intervalle qui ne contient pas −C. Puisque (J, y) est maximale, on a forc´ement J =]− ∞,−C[ ou J =]−C,+∞[. On a d´ej`a vu que (]− ∞, a[, ya) et (]a,+∞[, ya+) sont des solutions de (1.8). On a donc montr´e que

L’ensemble des solutions maximales de l’´equation y0 =y2 surRest S ={(R,0),(]− ∞, a[, ya),(]a,+∞[, y+a), a∈R}.

1.6.4 Exemple : r´esolution de y0 =ky−y2

On r´esout maintenant l’´equation (1.7) : y0 = ky−y2, avec k > 0. L`a encore, la fonction f(t, x) =kx−x2estC1surR2, donc le th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz s’applique. En s’inspirant de ce qui pr´ec`ede, on cherche tout d’abord s’il y a des solutions constantes (la solution nulle

(21)

Version

Pr ´eliminaire

seulement si

ka−a2 = 0⇐⇒a= 0 ou a=k.

On a donc deux solutions constantes, forc´ement globales, (R,0) et (R, k).

-5 0 5

-2,5 2,5

Figure 1.3 – Des solutions de l’´equationy0 =ky−y2, avec k >0

Soit maintenant (J, y) une autre solution. S’il existe t0∈J tel quey(t0) = 0 ouk, alorsy est solution sur J du probl`eme de Cauchy

( y0 =ky−y2, y(0) = 0 ouk.

Par unicit´e de Cauchy, y serait l’une des deux solutions constantes. C’est absurde, donc y(t) 6= 0 pour toutt∈J ety(t)6=kpour tout t∈J. On a mieux : puisque la fonction y est continue, on a

(a) ou bieny(t)<0 pour tout t∈J, (b) ou bieny(t)∈]0, k[ pour toutt∈J, (c) ou bieny(t)> k pour toutt∈J.

Graphiquement, ce ph´enom`ene est particuli`erement parlant. Il s’agit bien sˆur d’un principe g´en´eral :

Lorsque le th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz s’applique, les courbes repr´esentatives de deux solutions distinctes d’une ´equation diff´erentielle scalaire d’ordre 1 ne se coupent pas.

(22)

Version

Pr ´eliminaire

Exercice 1.6.6 Le d´emontrer.

Ce fait a aussi un int´erˆet pour le calcul des solutions. Si (J, y) est une solution de (1.7) qui n’est pas constante, alors, pour toutt∈J,

(k−y(t))y(t) =ky(t)−y2(t)6= 0.

Ainsi (J, y) est une solution de (1.7) si et seulement si

∀t∈J, y0(t) =ky(t)−y2(t)⇐⇒ ∀t∈J, y0(t)

k−y(t) +y0(t) y(t) =k, et en int´egrant

∃C∈R,∀t∈J, ln |y(t)|

|k−y(t)| =kt+C, ou encore

(1.13) ∃C >0,∀t∈J, |y(t)|

|k−y(t)| =Cekt.

Pour conclure, il faut maintenant discuter suivant les trois cas (a), (b) et (c). Pla¸cons nous dans le cas (a). On a y(t)<0 et k−y(t)>0 pour tout t∈J, donc (1.13) ´equivaut `a

∃C >0,∀t∈J, y(t)

y(t)−k =Cekt⇐⇒ ∃C∈R,∀t∈J, y(t) =k Cekt Cekt−1·

On notera de plus que l’on doit avoir y(t) < 0 pour tout t ∈ J, donc Cekt < 1 pour tout t ∈ J, c’est-`a-dire t < −1klnC. Autrement dit, si (J, y) est une solution maximale de (1.7) telle quey(t)<0 pour tout t∈J, il existeC >0 tel que

J =]− ∞,−1

klnC[ ety(t) =k Cekt Cekt−1·

On laisse au lecteur le soin de consid´erer les deux autres cas (b) et (c), et de confronter ses r´esultats avec la Figure 1.3.

1.7 Equations diff´ erentielles d’ordre sup´ erieur

1.7.1 Qu’est-ce qu’une ´equation diff´erentielle d’ordre n?

Jusqu’`a pr´esent, on s’est pr´eoccup´e essentiellement d’´equations diff´erentielles scalaires d’ordre 1, `a l’exception des ´equations diff´erentielles lin´eaires scalaires d’ordre 2 `a coefficients constants.

De mani`ere g´en´erale, voil`a ce que l’on nomme ´equation diff´erentielle scalaire d’ordre n.

(23)

Version

Pr ´eliminaire

D´efinition 1.7.1 Une ´equation diff´erentielle d’ordrens’´ecrit (1.14) y(n)=F(x, y, y0, y00, . . . , y(n−1))

o`u F est une fonction continue sur I×U `a valeurs dansRn,I ´etant un intervalle ouvert de R, et U un ouvert deRn.

On dit que le couple (J, y), constitu´e d’un intervalle J ⊂I et d’une fonction y :J →R de classeCn, est une solution de l’´equation (1.14) lorsque

i) pour toutt∈J, on a(y(t), y0(t), y00(t), . . . , y(n−1)(t))∈U. ii) pour toutt∈J, on ay(n)(t) =F(y(t), y0(t), y00(t), . . . , y(n−1)(t)).

Exercice 1.7.2 Donner la fonctionF,I et U dans les exemples de l’Introduction.

1.7.2 Se ramener `a un syst`eme de n ´equations diff´erentielles d’ordre 1 Pour ´enoncer des r´esultats th´eoriques, mais aussi parfois pour r´esoudre les ´equations d’ordre n, on pr´ef`ere ramener une ´equation diff´erentielle d’ordre n `a un syst`eme de n ´equations diff´erentielles d’ordre 1.

Commen¸cons par l’exemple de l’´equation (1.5) : y00+p(t)y0+q(t)y = f(t). Supposons que (J, y) en soit une solution, et posons

Y :J →R2, Y(t) =

y(t) y0(t)

. Puisquey est n´ecessairementC2, la fonctionY est C1 surJ et

Y0(t) =

y0(t) y00(t)

=

0 1

−p(t) −q(t)

Y(t) + 0

f(t)

Autrement dit, (J, Y) est solution du syst`eme diff´erentiel Y0(t) =G(t, Y(t)) o`uG:I×R2 →R2 est la fonction d´efinie par

G(t, X) =

0 1

−p(t) −q(t)

X+ 0

f(t)

=

x2

−p(t)x1−q(t)x2+f(t)

, avecX = (x1, x2)∈R2. De mani`ere g´en´erale

(24)

Version

Pr ´eliminaire

Proposition 1.7.3 SoitF :I ×U →Rune fonction continue, o`u I est un intervalle ouvert deR etU un ouvert deRn. On noteG:I×U →Rn la fonction d´efinie par

G(t, x1, . . . , xn) =

 x2 x3 ... xn

F(t, x1, . . . xn)

 .

i) Si (J, y) est une solution de l’´equation diff´erentielle d’ordre n (1.15) y(n) =F(x, y, y0, y00, . . . , y(n−1)),

alors (J, Y), avecY(t) =

 y(t) y0(t) ... y(n)(t)

, est une solution du syst`eme diff´erentiel d’ordre 1

(1.16) Y0 =G(t, Y),

ii) R´eciproquement, si (J, Y) est une solution de (1.16), avec Y(t) =

 y1(t) y2(t) ... yn(t)

 , alors

(J, y1) est une solution de (1.15).

La preuve de cette proposition est facile, et on laisse au lecteur le soin de la r´ediger. On remarquera en particulier que siY estC1 et v´erifie le syst`eme (1.16), sa premi`ere composante y1 est bien une fonctionCn.

1.7.3 Au fait : c’est quoi un syst`eme diff´erentiel d’ordre 1 ?

On formalise maintenant la notion de syst`eme diff´erentiel d’ordre 1. La diff´erence avec les

´equations scalaires d’ordre 1, c’est que l’inconnue est une fonction vectorielleY :I →Rn, ou, si l’on pr´ef`ere, unn-uplet de fonctions (y1, . . . yn) (les composantes de la fonctionY).

D´efinition 1.7.4 Un syst`eme diff´erentiel d’ordre 1 s’´ecrit

(1.17) Y0=F(t, Y),

o`u F est une fonction continue sur I×U `a valeurs dansRn,I ´etant un intervalle ouvert de R, et U un ouvert deRn.

(25)

Version

Pr ´eliminaire

On dit que le couple(J, Y), constitu´e d’un intervalleJ ⊂I et d’une fonctionY :J →Rnde classeC1, est une solution de l’´equation lorsque

i) pour toutt∈J, on aY(t)∈U.

ii) pour toutt∈J, on aY0(t) =F(t, Y0(t)).

(1.17) est bien d’un syst`eme d’´equations. En effet, notant Y(t) = (y1(t), . . . , yn(t)) lesn coordonn´ees de la fonction Y :J →Rn, et

F(t, x) = (F1(t, x), . . . , Fn(t, x))

lesn coordonn´ees de la fonction F :I×U →Rn, l’´equation (1.17) s’´ecrit plus explicitement

(1.18)









y10(t) = F1(t, y1(t), . . . , yn(t)), y20(t) = F2(t, y1(t), . . . , yn(t)),

... = ...

y0n(t) = Fn(t, y1(t), . . . , yn(t)).

Par exemple, le syst`eme pr´edateurs-proies de Lotka et Volterra y01(t) =ay2(t)−by1(t)y2(t),

y02(t) =−cy1(t) +dy1(t)y2(t), s’´ecrit Y0 =F(t, Y) avec

F :R×R2 →R2, F(t, x1, x2) = (ax2−bx1x2,−cx1+dx1x2).

1.7.4 Le th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz pour les syst`emes, et pour les

´

equations d’ordre n. Premi`ere visite.

Pour les syst`emes d’ordre 1, on d´emontrera le mˆeme th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz que pour les ´equations scalaires :

Proposition 1.7.5 (Th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz - premi`ere version- cas des syst`emes) Soit F :I×U →Rn une fonction continue, o`u I est un intervalle ouvert de Ret U un ouvert de Rn. Soit aussi t0 ∈I et Y0 ∈U. Si F est de classeC1 surI×U, alors le probl`eme de Cauchy

Y0 =F(t, Y) Y(t0) =Y0 admet une unique solution maximale (J, Y).

(26)

Version

Pr ´eliminaire

En rapprochant la Proposition 1.7.3 et ce qui pr´ec`ede, on comprend que la bonne notion de probl`eme de Cauchy pour une ´equation diff´erentielle d’ordrenest la suivante :

D´efinition 1.7.6 Soit F une fonction deR×Rn dansR, d´efinie et continue surI×U, o`u I est un intervalle ouvert deR, etU un ouvert deRn. Soitt0 ∈I et(y0, y1, . . . , yn−1)∈Rn. R´esoudre le probl`eme de Cauchy (ent0)

(1.19)

y0 =F(t, y)

y(t0) =y0, y0(t0) =y1, . . . , y(n−1)(t0) =yn−1,

c’est trouver toutes les solutions (maximales) (J, y) de l’´equation diff´erentielle y0 = F(t, y) telles quet0 ∈J et y(t0) =y0, y0(t0) =y1, . . . , y(n−1)(t0) =yn−1.

Le th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz (la Proposition 1.7.5), appliqu´e au syst`eme d’ordre 1 corres- pondant, dit en effet que, lorsqueF estC1, ce probl`eme admet une unique solution maximale.

Typiquement, ce r´esultat dit que l’´equation de Newton (une ´equation diff´erentielle d’ordre 2) d´etermine de mani`ere unique la trajectoire y(t) d’un mobile `a condition que l’on sp´ecifie sa position initialey(0) et sa vitesse initiale y0(0).

1.8 Syst` emes lin´ eaires

L’´etude des syst`emes lin´eaires va occuper une bonne partie de ce cours. Il y a au moins deux excellentes raisons pour cela. Tout d’abord, on va r´eussir `a donner une expression explicite de toutes les solutions de ces syst`emes. On verra ensuite que les propri´et´es des solutions de syst`emes diff´erentiels quelconques sont souvent (et on pr´ecisera dans quel cas) proches de celles de syst`emes lin´eaires `a coefficients constants bien choisis.

1.8.1 Qu’est-ce qu’un syst`eme lin´eaire ?

Il est temps de pr´eciser pourquoi on parled’´equations lin´eaires pour les ´equations diff´erentielles de la forme (1.3) :y0=a(t)y+b(t). Pour chaquetfix´e, posons`t(x) =a(t)x+b(t). La fonction

`t:R→Rest affine. Autrement dit ht:x7→`t(x)−`t(0) est lin´eaire :

∀α1, α2∈C,∀x,x2∈R, ht1x12x2) =α1ht(x1) +α2ht(x2).

On ´etend cette notion aux syst`emes. SoitF :I×Rn→Rnune fonction affine par rapport `a sa variableX. Cela signifie que la fonction pour touttfix´e, la fonctionH(t, X) =F(t, X)−F(t,0) est lin´eaire par rapport `a X. Autrement dit, il existe une matrice A(t) telle que H(t, X) = A(t)X, et finalement, notant B(t) =F(t,0),

F(t, X) =A(t)X+B(t).

(27)

Version

Pr ´eliminaire

D´efinition 1.8.1 SoitF :I×Rn→Rnune fonction continue, o`uI est un intervalle ouvert deR. On dit que le syst`eme diff´erentiel

(1.20) Y0 =F(t, Y)

est lin´eaire lorsqu’il existe deux fonctions A : I → Mn(R) et B : I → Rn, forc´ement continues, telles que

F(t, X) =A(t)X+B(t)

Pour les connaisseurs, un syst`eme diff´erentiel (ou une ´equation scalaire) est dit(e) lin´eaire lorsque la fonctionX7→F(t, X) est affine pour tout t. . .

Pour simplifier les prochains ´enonc´es, nous allons admettre -provisoirement- le r´esultat suivant (cf. le Corollaire 4.4.3). On l’a d’ailleurs d´ej`a d´emontr´e pour les ´equations lin´eaires scalaires d’ordre 1.

Proposition 1.8.2 Toutes les solutions maximales du syst`eme lin´eaire (1.20) sont globales.

Parlant d’une solution (J, Y) d’un syst`eme lin´eaire, on ne pr´ecisera donc plus l’intervalle J : on ne consid`ere d´esormais que les solutions maximales, donc J =I.

1.8.2 Structure de l’ensemble des solutions

Les r´esultats qui suivent sont ´enonc´es pour les syst`emes lin´eaires, mais valent bien sˆur aussi pour les ´equations lin´eaires scalaires. Ce sont des remarques tout `a fait simples, mais cruciales.

Le syst`eme diff´erentiel

(1.21) Y0 =A(t)Y

est appel´eesyst`eme diff´erentiel homog`ene associ´ee `a (1.20).

Proposition 1.8.3 SiY1 etY2 sont deux solutions du syst`emeY0 =A(t)Y, alors pour tous α1, α2 ∈ C, la fonction α1Y12Y2 est aussi une solution. Autrement dit, l’ensemble des solutions d’un syst`eme lin´eaire homog`ene est un sous-espace vectoriel deC1(I,Rn).

Preuve.—Il suffit de remarquer que pour toutt∈I, (α1Y12Y2)0(t) =α1Y10(t) +α2Y20(t) et que, notantH(t, X) =A(t)X,

H(t, α1Y1(t) +α2Y2(t)) =α1H(t, Y1(t)) +α2H(t, Y2(t)).

(28)

Version

Pr ´eliminaire

Proposition 1.8.4 Si Y1 et Y2 sont deux solutions du syst`eme lin´eaire Y0 = F(t, Y), alors Z =Y1−Y2 est une solution du syst`eme lin´eaire homog`ene associ´e.

Preuve.—Pour t∈I, on a

Z0(t) =Y10(t)−Y20(t) =F(t, Y1(t))−F(t, Y2(t)) =H(t, Y1(t))−H(t, Y2(t)) =H(t, Z(t)).

On en d´eduit le r´esultat connu sous le nom de principe de superposition :

Proposition 1.8.5 Soit Y0 une solution de l’´equation (1.20). Toute solution Y de (1.20) s’´ecritY =Y0+Z, o`u Z est solution de l’´equation diff´erentielle homog`ene associ´ee (1.21).

Autrement dit, pour trouverTOUTESles solutions de (1.20), il suffit de 1. trouver toutes les solutions Z de l’´equation homog`ene associ´ee (1.21) ; 2. trouverUNEsolution Y0 de (1.20).

Pour les connaisseurs encore, le principe de superposition dit que l’ensemble des solutions d’un syst`eme lin´eaire est un espace affine, dont la direction est l’espace vectoriel des solutions de l’´equation homog`ene associ´ee.

1.8.3 Dimension de l’espace des solutions

On suppose toujours que A:I → Mn(R) est une fonction continue. On a vu que l’ensemble SH des solutions du syst`eme lin´eaire homog`ene

(1.22) Y0 =A(t)Y

est un sous-espace vectoriel deC1(I,Rn). Dans le cas des ´equations scalaires (n= 1), on a vu aussi que

SH ={t7→CeA(t), C∈R},

et qu’il s’agit donc d’un espace vectoriel de dimension 1, engendr´e par la fonction t7→ eA(t) par exemple. Grˆace au th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz, on va d´emontrer la

Proposition 1.8.6 Soit A : I → Mn(R) est une fonction continue. L’espace vectoriel SH des solutions du syst`eme lin´eaire homog`eneY0 =A(t)Y est de dimensionn.

Preuve:Soitt0 ∈I. D’apr`es la Proposition 1.7.5 (en fait la Proposition 4.3.7, puisqueF(t, X) = A(t)X n’est pas suppos´ee de classeC1), pour chaque X0 ∈Rn le probl`eme

(1.23)

Y0 =A(t)Y, Y(t0) =X0,

admet une unique solution, que je note (I, YX0). L’application φ:X0 7→YX0 de Rn dansSH est donc bijective :

(29)

Version

Pr ´eliminaire

X1 X2 1 2

— elle est surjective : siY ∈ SH, on a Y =φY(t0).

Montrons maintenant queφest lin´eaire. Pour X1, X2 ∈Rn etα1, α2 ∈R, Yα1X12X21YX12YX2.

Puisque Yα1X12X2 est l’unique solution Y du syst`eme qui v´erifie Y(t0) = α1X12X2, il suffit de montrer que α1YX12YX2 est aussi une solution du mˆeme probl`eme de Cauchy.

Le fait queα1YX12YX2 est une solution a d´ej`a ´et´e d´emontr´e : SH est un espace vectoriel.

Enfin

1YX12YX2)(t0) =α1YX1(t0) +α2YX2(t0) =λ1X12X2. La bijectionφ:R→ SH est donc un isomorphisme d’espace vectoriel, et

dimSH = dimφ(Rn) = dimRn=n.

En traduisant ce r´esultat dans le cas o`u le syst`eme d’ordre 1 que l’on consid`ere provient d’une

´equation diff´erentielle scalaire d’ordren, on obtient la

Proposition 1.8.7 L’ensemble des solutions d’une ´equation diff´erentielle lin´eaire scalaire d’ordrenr´esolue `a coefficient continus est un sous-espace vectoriel de dimensionndeCn(I,R).

1.8.4 M´ethode de variation de la constante

On a ´elucid´e la structure de l’espace des solutions des solutions de l’´equation homog`ene Y0=A(t)Y. Pour d´ecrire l’ensemble des solutions de l’´equation compl`eteY0=A(t)Y+B(t), il reste `a en trouver UNE solution.

Voici un proc´ed´e bien connu pour les ´equations lin´eaires d’ordre 1 : la m´ethode de variation de la constante. On verra plus loin que cette proc´edure marche aussi pour les syst`emes lin´eaires.

On consid`ere donc l’´equation, aveca, b:I →Rcontinues,

(1.24) y0=a(t)y+b(t).

On sait que les solutions de l’´equation homog`ene associ´ee y0=a(t)y

sont les fonctions de la formey(t) =CeA(t), o`u A(t) est une primitive de a(t) surI.

L’id´ee est la suivante : on cherche une solutiony de l’´equation sous la forme y(t) =c(t)eA(t)

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